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Il était, depuis vingt-cinq ans, l’une des figures de La Chaîne L’Equipe. Personnage emblématique de l’univers du football, Didier Roustan s’est éteint, à l’âge de 66 ans. Le journaliste se battait depuis plusieurs semaines, « sans relâche contre la maladie », a écrit le quotidien sportif dans la matinée du mercredi 11 septembre. Des mots venus confirmer ceux postés un peu plus tôt sur le réseau social X par David Lisnard, le maire de Cannes (Nouvelle Energie, droite). L’élu avait alors partagé son « émotion » quant à la disparition de ce « Cannois passionné, attaché aux Rouge et Blanc », qui aimait le ballon rond et « par-dessus tout le beau jeu et les belles histoires ».
Celle de Didier Roustan a commencé à Brazzaville, en 1957, alors encore capitale de l’Afrique-Equatoriale française, avant de s’écrire sur la Côte d’Azur, où sa famille s’établit au début des années 1960. Adolescent, il joue comme libéro à l’AS Cannes, avant d’abandonner le rêve d’une carrière professionnelle. C’est dans cette ville qu’il développe un amour démesuré pour le ballon rond. Un amour qu’il partageait encore jusqu’à récemment dans l’émission « L’Equipe du soir », dont il avait reçu le titre honorifique de « président à vie » – son dernier passage à l’antenne remontait à juin.
« Le foot, c’est plus que le foot : c’est de la culture pop », décrivait-il au Monde en juillet. Fidèle à cette vision, il distillait ses analyses touffues et parfois critiques de l’évolution du milieu, dans des podcasts et des vidéos. L’homme parlait en connaisseur. Lui dont les premiers pas de journaliste sportif remontent à 1976, quand il intègre la rédaction de TF1 pour un stage. Il participe ensuite à la création de « Téléfoot », émission de référence, dont il devient le visage en 1986. Didier Roustan impose vite sa patte sur ce rendez-vous. En septembre 1987, il parvient à interviewer le Brésilien Pelé, l’une de ses idoles de jeunesse. Dans une séquence mythique, le journaliste propose au « roi » de donner le biberon à un bébé panthère.
Les évolutions de la première chaîne, suite à sa privatisation en 1987, poussent le journaliste à démissionner deux ans plus tard. Il rebondit chez Canal+ avant de rejoindre Antenne 2, où il commentera l’Euro 1992 au côté de l’ancien sélectionneur, Michel Hidalgo, puis la Coupe du monde 1994, avec Eric Cantona.
Didier Roustan admire le joueur de Manchester United, au caractère bien trempé. Les autres idoles du journaliste, romantique du football, se nomment Franz Beckenbauer, Johann Cruyff ou Michel Platini. Des joueurs d’instinct, moins formatés que ceux d’aujourd’hui. Le Cannois confiait d’ailleurs qu’il ne paierait pas pour voir Kylian Mbappé : « C’est un crack absolu, mais c’est un homme de son époque. Pour moi, le football est d’abord une affaire d’émotion. »
A l’époque, la proximité existe encore entre journalistes et footballeurs. Elle lui permet de se lier d’amitié avec Eric Cantona. De se rapprocher, aussi, de l’Argentin Diego Armando Maradona, qu’il place au-dessus de tous les autres. Avec l’attaquant des Bleus et le « Pibe de oro », ils fondent, en 1995, l’Association internationale des joueurs professionnels, le premier syndicat mondial des joueurs, destiné à combattre les dérives du foot business et dont il sera le secrétaire général jusqu’en 1999.
Homme de valeurs, Didier Roustan y perd beaucoup. « Les financiers et les fortunes tiennent tous les côtés du manche. On massacre les gens. C’est dégueulasse. J’ai essayé d’utiliser le système pour lui faire produire autre chose que ce qu’il entend produire. Je me suis effondré. Mais je continue à y croire. L’essentiel, c’est de ne pas trahir ceux avec qui on avance », soufflait-il en juillet. A partir de 2003, il pilotera également, au côté d’Arsène Wenger, l’association Foot citoyen, pour lutter contre la violence et le racisme dans le milieu du ballon rond.
C’est en 1999 qu’il avait retrouvé l’antenne, sur L’Equipe TV, chaîne fraîchement débarquée sur le câble. Avant de devenir, à partir de 2008, l’une des figures de « L’Equipe du soir », où il partageait régulièrement son avis et ses souvenirs. En septembre 2023, Didier Roustan avait publié un livre, Puzzle (Marabout, 2023), dans lequel il décrit, par bribes, le monde du football qu’il a connu. Le témoin des quarante-huit ans d’une carrière unique.
10 octobre 1957 Naissance à Brazzaville
1986 à 1989 Présente l’émission « Téléfoot » sur TF1
1995 Fonde l’Association internationale des footballeurs professionnels, avec Diego Maradona et Eric Cantona, premier syndicat mondial des footballeurs
1999 Rejoint L’Equipe TV
11 septembre 2024 Mort
Denis Ménétrier
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